Les chauves-souris sont nos alliées, protégeons-les !

Actualité
La liste rouge des espèces menacées en France est formelle, certaines chauves-souris sont dans une situation de fort déclin, voire en danger en Métropole. Comment mieux protéger ce fascinant petit mammifère, souvent injustement malaimé, dont la présence est pourtant indispensable à l’équilibre de nos écosystèmes ? On vous explique.
Pipistrelle commune sur mousse
 
Portrait d’une espèce incroyable !
Discrète, méconnue, parfois mal-aimée, la chauve-souris est pourtant fascinante.

Quel autre animal passe la plus grande partie de sa vie pendue par les pieds, la tête en bas ? Incroyable aussi son agilité à se déplacer grâce à ce sixième sens : l’écholocation, qui lui permet grâce à l’émission d’ondes sonores par la bouche et le nez de créer une image sonore, détectant tout ce qui l’entoure et de repérer le battement d’ailes d’un insecte à plusieurs mètres de distance.

Indispensable à la santé des écosystèmes dans le monde entier, il en existe plus d’un millier d’espèces à travers le monde. Très majoritairement insectivores en Europe, alors qu’elles sont frugivores ou mangeuses de fleurs dans les régions plus tropicales, les chauves-souris disséminent des graines un peu partout dans la forêt et sont des pollinisateurs d’une importance capitale dans de nombreuses régions du monde qui en dépendent pour la reproduction de fruits aussi courants sur nos tables tels que les bananes, figues, noix de cajou…

Les seuls mammifères volants. Chiroptère signifie littéralement « qui vole avec les mains » : les ailes des chauves-souris sont en effet composées de leurs cinq doigts reliés par une fine membrane dotée de capteurs qui les rendent bien plus sensibles aux mouvements d’air que celles des oiseaux et donc plus agiles et précises. Elles s’en servent aussi comme d’une cape isolante pour s’envelopper au repos.

Fiche identité de la pipistrelle commune

Image retirée.
 
Petite par la taille mais une vie longue durée. Selon l’espèce, l’espérance de vie varie d’une chauve-souris à l’autre : 12 ans pour la Noctule commune et jusqu’à 30 ans pour le Grand Rinolphe et le Grand Murin. Sa longévité est d’ailleurs exceptionnelle au regard de sa taille (3,5 fois plus élevée qu’un animal de même taille puisque dans le règne animal plus on est petit moins on vit longtemps et inversement…).
 
Elles ne méritent certainement pas leur mauvaise réputation de vampire puisque seulement trois d’entre elles - justement nommées vampires commun avec leurs pattes velues ou leurs ailes blanches - se nourrissent du sang du bétail, en Amérique latine.
Leurs supers pouvoirs !
Super régulatrice des effectifs d’insectes nocturnes

Les chauves-souris font partie de l’arsenal de lutte biologique contre les insectes nuisibles aux cultures humaines. Chaque nuit, ce formidable allié capture la moitié de son poids en moustiques, papillons de nuit, coléoptères, araignées, mouches, fourmi et scarabées. Elle contribue grandement à limiter la prolifération des moustiques et donc les nombreuses transmissions à l’homme de maladies dont ils sont porteurs.

 

Super fertilisatrice grâce à leur guano

Comme celle des oiseaux marins, les déjections des chauves-souris appelées guano sont un engrais naturel. Récoltées, (et d’ailleurs commercialisées) elles permettent de préparer une substance fertilisante 100% biologique riche en azote, phosphore et potassium. 

Super pilier de la biodiversité 
Sans les multiples services que les chiroptères nous rendent nous assisterions à une baisse considérable de la biodiversité. Favorisant le développement d’autres espèces, leur présence est un bon indicateur de l’état de santé écologique d’un milieu.

 

La menace des activités humaines
État des lieux de la population de chiroptères en France

Toutes espèces confondues, les chauves-souris de France métropolitaine ont connu une diminution de 38% en 10 ans (selon l’indicateur de l’Office National de la Biodiversité, réalisé à partir des données collectées et centralisées grâce au programme de sciences participatives Vigie-Chiro). A noter qu’elles ne se reproduisent pas comme des souris et ne donnent naissance qu’à un seul chauve-souriceau par an !

En France métropolitaine, on peut observer 34 espèces de chauves-souris (sur les 36 présentes en Europe). Bien qu’elles soient toutes protégées depuis 1976 en France (Loi de protection de la nature), au moins 19 d’entre-elles sont en fort déclin et/ou en danger. Classées espèces prioritaires par le plan national d’action chiroptères, citons : le Grand et le Petit Rinolophe, plusieurs espèces de Noctules et de Murins, l’Oreillard Montagnard, le Molosse de Cestoni et la Pipistrelle Commune.

L’altération des milieux naturels

Tout ce qui touche à l’habitat des chauves-souris : fermeture de cavités souterraines, aménagement de grottes, démolition et/ou changement d’affectation de bâtiments agricoles, travaux d’isolation, traitement des charpentes, mais aussi exploitation forestière générant coupes d’arbres « hôtes » et politique de reboisement de type « monoculture contre nature » appauvrissant le milieu, impacte considérablement la vie des colonies des chiroptères en les empêchant de s’installer et/ou en les délogeant.

Perturbées dans leur déplacement par la fragmentation de leur habitat : axes routiers, réseau ferroviaire, ponts, ou encore pollution lumineuse, les chauves-souris peuvent entrer en collision avec les pales d’éoliennes coupant leur route migratoire et potentiellement être victimes de barotraumatisme en cas de trop fortes variations de pression dues aux ondes.

A cela s’ajoute, une raréfaction des ressources alimentaires à cause de l’artificialisation des sols en général, de l’usage des pesticides, et de l’agriculture intensive condamnant haies, bandes enherbées, prairies, jachères et pâturages : autant de terrains de chasse indispensables à la subsistance des chauves-souris insectivores, de corridors écologiques et de zones de transit pour se déplacer et se protéger des prédateurs. A noter qu’en une nuit, une chauve-souris peut manger jusqu’à la moitié de son poids en insectes ce qui représente plusieurs milliers d’insectes !

Mieux les connaître, les accueillir et les protéger

Après avoir changé d’avis sur cet animal souvent mal perçu, et détricoté quelques idées reçues (non la chauve-souris ne s’accroche pas aux cheveux, non la chauve-souris ne mord pas, non, elle ne s’attaque pas au bois de nos charpentes ou encore, non ses déjections ne transmettent pas de maladies !) et AVANT de leur construire un abri (très sélectives, il y a peu de chances qu’elles l’adoptent), mieux vaut penser à leur sécuriser le gîte et le couvert.

Comment faire ?

  1. En faisant de son jardin, un terrain de chasse pour leur nourriture : espèces de plantes qui attirent les insectes, création d’une haie de feuillus pour les guider et les abriter, entretien d’une mini zone humide (mare) où vont proliférer les insectes, réalisation d’un compost qui en attire aussi beaucoup…
  2. En les laissant nicher sous une toiture, dans des combles ou des vieux arbres, donc ne rebouchez pas à tout va le moindre trou dans les murs et laissez leur l’accès aux caves, greniers, granges et vieux bâtiments… Et n’ayez crainte, si par mégarde une chauves-souris rentrait chez vous, éteignez la lumière dans la pièce, ouvrez la fenêtre et partez pour la laisser sortir tranquillement.
EVENEMENT

Du 20 juin au 17 octobre (jusqu’au 26 dans les dom-tom), la nuit internationale de la chauve-souris revient partout en France. Rendez-vous sur la page de l'événement pour participer aux activités découvertes et sorties nocturnes, et pourquoi pas devenir bénévole afin de mieux protéger ce fascinant petit mammifère, souvent injustement malaimé, et malheureusement bien représenté sur la liste rouge des espèces menacées en France par l’UICN.

Partagez l'article sur les réseaux sociaux